Comment réaliser une veille en elearning?

Comment réaliser une veille? Dans ce post, nous allons juste présenter les solutions qui s’offrent à vous sur internet. Nous traiterons de la veille physique dans un prochain post.


Etre en permanence à l’écoute des évolutions du marché du elearning et des nouvelles tendances demande une bonne dose d’organisation, de la méthode et un peu de temps. Cet investissement est largement rétribué par les avantages d’une veille. En étant bien informé, vous continuez à maintenir une analyse fine du secteur du elearning. En observant les nouveautés qui apparaissent régulièrement, vous êtes capables de faire les bons choix dans votre activité professionnelle. Enfin, vous maintenez votre employabilité en ne vous enfermant pas dans un champ d’activité trop précis.

La bonne nouvelle, c’est que le milieu du elearning est très ouvert sur l’extérieur. Il existe de nombreux blogs, sites et réseaux dans lesquels vous pouvez piocher de l’information. La mauvaise, c’est qu’il ne suffit pas d’aller sur un site unique pour réaliser une veille et il faut faire preuve de discernement dans l’information que l’on va filtrer. Il faut mettre en place un dispositif de veille ad hoc. Rassurez-vous, c’est finalement assez simple !

panneaux indicateurs

Voici  9 recommendations pour réaliser une veille de qualité :

1. Analysez les sites dont vous avez besoin. Ne soyez pas forcément boulimique. Si vous travaillez dans une entreprise, vous n’avez pas forcément les même besoins que si vous travaillez dans un établissement d’éducation. Sélectionnez donc vos sources de contenus selon vos besoins précis. Attention cependant à ne pas tomber dans l’excès inverse. Faire une veille très ciblée sur Moodle sans vérifier ce qui se passe pour les autres plate-formes n’a pas beaucoup de sens…Gardez cependant toujours une fenêtre ouverte sur une source d’information généraliste du secteur de la formation.

2. Ciblez les blogs. Dans le petit monde du elearning, ce ne sont pas les sites qui sont fondamentaux. Ce sont les blogs. Tenus par des professionnels du elearning, ils distillent une information de très grande qualité. C’est très souvent grâce à eux que vous serez mis au courant des toutes dernières nouveautés. Attentions, ils ont des identités très différentes. Ainsi, Si loin si proche propose une veille outil de très grande qualité, tandis qu’Emob est dédié au screencasting et au graphisme. A vous de choisir selon vos préférences.

3. Soyez ouvert à l’international. Les sites et des blogs de grande qualité francophone sont nombreux mais beaucoup d’entre eux présente des informations corporate ou relaye des informations déjà existantes. Les blogs anglo-saxons sont souvent plus créatifs et proposent de véritables analyses. Ils fournissent nombre de tips, les petits trucs qui vont grandement vous simplifiez votre métier. Pour toutes ces raisons, ils sont juste indispensables. Le plus important d’entre eux est The Rapid Elearning Blog de Tom Kuhlmann mais il en existe de nombreux autres. Il existe aussi des sites indispensables, comme The Elearning Guild, Celui-ci propose même une sélection des posts les plus importants à lire d’urgence. Elle est pas belle la vie?

Flux RSS

4. Utilisez les flux RSS et un agrégateur de contenu. Les flux RSS vous permettent d’aspirer les nouveaux contenus mis à jour sur les sites que vous avez sélectionné et de les centraliser dans un agrégateur de contenu. Le plus célèbre, et peut-être le plus efficace, est Google Reader. Gratuit, entièrement en ligne et user-friendly, il se révèle un outil aisé à l’usage et parfaitement adapté à une activité de veille.

5. Inscrivez-vous à des newsletters. Elles sont finalement assez peu nombreuses dans le milieu de elearning. La plus indispensable est celle du site E-learning-info.com pour réaliser une veille tournée plutôt vers le monde de l’entreprise.

6. Recensez les sites,  les documents ou les outils que vous trouvez. Avoir de l’information, c’est bien, mais si vous ne l’organisez pas efficacement, vous n’allez pas être capable de retrouver les informations pertinentes quelques mois plus tard. Pour ne rien perdre, choisissez un outil qui recense les sites et les blogs que vous visitez. Le plus célèbre est Delicious, mais vous pouvez aussi utilisez Netvibes.

Logo Twitter7. Insérez vous dans des réseaux sociaux. Facebook, mais surtout Twitter, sont des espaces de discussion qui peuvent vous apporter une information constante. Avec des flux RSS, vous êtes dans la réaction à +1jour ou +1 semaine. Avec Twitter, les messages s’affichent chaque jour, en permanence. Les professionnels du elearning étant très branchés nouvelles technologies, ils sont solidement présent sur Twitter. Idéal pour être mis au courant avec souplesse d’un site intéressant ou d’une toute dernière nouveauté. Cependant, il faut être à l’écoute en permanence…

8. Prenez du temps pour parcourir vos infos. Et réagissez. Une fois que vous avez bien organisé votre veille (sites, newsletters, blogs, twitter), il faut encore la lire. Personnellement, je ne lis mes flux qu’une fois par semaine, et je ne lis que peu de chose. Surtout les grands titres des posts, je n’ai pas le temps d’en faire plus. Avoir beaucoup d’information, c’est bien, mais il faut encore savoir la traiter efficacement. Soyez fainéant, mais pas trop. Il faut toujours parcourir l’info, mais faut-il la lire…c’est une autre question. Idéalement, il ne faut pas hésiter à réagir. Le partage d’information est le plus bénéfique pour la communauté et pour vous-même, donc n’hésitez pas!

Travaux en cours9. Mettez à jour en permanence votre veille. Votre veille doit évoluer au gré de vos besoins ou de vos nouvelles découvertes. N’hésitez pas à supprimer des sites qui ne semble plus pertinent. Rajoutez-en également selon les indications de vos pairs. Ce sont eux qui sont les plus à même de vous fournir une évaluation pertinente de la qualité d’une source d’information ou d’un document. Faites leur confiance, mais pas aveuglément non plus.

Comment rédiger des modes opératoires pour un logiciel?

Ces deux derniers jours, j’ai bénéficié avec toute mon équipe d’une formation à la technique de rédaction de modes opératoires. La formatrice, Stéphanie Durand-Gasselin, spécialiste des mods ops sur logiciels, a su nous montrer tous l’intérêt de sa méthodologie dans le cadre de notre projet.

Un rapide tour de table en début de formation a révélé les bases très solides des participants à cette formation. Des consultants expérimentés, des rédacteurs de modes opératoires, des stagiaires issus d’écoles de commerce ou de master en formation à distance. Stéphanie n’a pas manqué de souligner que nous étions des apprenants à haut potentiel, avec surtout « une bonne expérience d’écriture ».

Finalement, nous avons découvert que l’écriture n’entrait que pour une part réduite dans la rédaction d’un mode opératoire. Après avoir fait plancher sur des manuels d’utilisation et autres manuels de référence, nous avons découvert qu’il n’y avait pas une seule manière d’écrire un mode op, mais qu’il y en a des meilleurs que d’autres…. Les différences proviennent des mots employés, de la présentation de l’information, des captures d’écran, bref d’un cocktail d’ingrédient qu’il convient de savoir doser.

Exemple de mode opératoire
Attention, ne refaite pas cela chez vous

En effet, il ne suffit plus d’écrire un mode op pour faire du bon boulot. Il faut penser le contexte autour du projet et son insertion dans la stratégie KM de l’organisation. Plus que tout, il faut soigner la présentation et acquérir une façon d’écrire spécifique. Pas de « paragraphes vides », de phrases à rallonge ou de vocabulaire littéraire.

Alors comment écrit-on un mode op de qualité ?

  • D’abord, il faut choisir un outil adapté. Snagit pour les captures d’écran est une solution très efficace. Pour l’écriture, Robohelp est le plus populaire, mais Word peut faire l’affaire grâce à l’utilisation de feuilles de style qui permettent de centraliser les captures d’écran dans un dossier à part.
  • Ensuite, il faut être précis et spécifique. Ne dites pas « Revenez sur la page en cliquant sur le bouton Retour en bas à gauche » mais « Cliquez sur Retour ». Il fallait y penser ! Les captures d’écran doivent aussi être adaptées au contexte. Inutile de prendre tout une page pour mettre en valeur une simple icône. Décidément, il faut penser simplicité.
  • Il faut catégoriser les informations. Plutôt qu’une liste à rallonge de fonctionnalités, ne pas hésiter à découper entre une aide fonctionnelle et une liste de « Que faire pour… » à compléter avec une liste de « Que faire si… » Attention tout de même à ne pas abuser des « Que faire pour… », au risque de noyer l’utilisateur.
  • En dernier lieu, il faut favoriser la lecture rapide. Quelqu’un qui a besoin d’une aide en ligne a besoin d’une aide rapide, pas d’un long exposé. Comme le soulignait Stéphanie « Imaginez les buralistes devant leur machine. Ils ont une file d’attente de 10 personnes devant eux, vous pensez qu’ils ont le temps de lire une aide encyclopédique ? » Non en effet. A nous de privilégier la lecture rapide par une rédaction et une présentation adaptée, d’autant plus que de très nombreux modes op sont uniquement disponibles sur ordinateur.

Bref, rédiger des modes op nécessite de vraies compétences que nous avons acquis grâce à cette formation. Le bilan? Un mode op de 8 pages réduit à une seule….voilà d’énormes économies en temps et en argent en perspective !

Stéphanie Durand-Gasseli est gérante de la société Sherpa.

Un nouveau genre de site est né : le Wixsite

On entend de plus en plus parler de Wix, un outil de création de sites en flash. Une de mes camarades de promotion s’est récemment lancée dans l’aventure. Wix est basé sur une idée novatrice et une technologie séduisante, comme souvent dans le web 2.0. La plate forme Wix propose à sa communauté d’utiliser gratuitement un grand nombre de templates pour réaliser des sites en Flash qui sont hébergés sur les serveurs de la société.

Les sites Wix disposent de plusieurs atouts. Ils sont rapides à monter et gratuits, à condition d’accepter certains limitations, notamment sur la taille des sites. Ce ne sont pas des CMS tel que Joomla,  mais ils sont idéals pour monter rapidement un site vitrine dans le cas du lancement d’un événement ou pour disposer d’un espace sur le web à un coût modique. Les fonctionnalités sont réellement user-friendly et aucune compétence en programmation n’est requise. La bibliothèque de templates est étendue et permet de piocher parmi des styles très différents. Beauté, bien être, urbain, professionnel, le choix est éclectique. Les sites réalisés sont de grande qualités, tant au niveau du design que de la navigation.

De nombreux particuliers ont déjà sauté le pas d’un site propulsé par cette technologie. Parmi eux, se trouvent de nombreux graphistes et professionnels de l’image qui utilisent Wix comme une vitrine de leur compétence. Très conscient de l’importance des réseaux sociaux en ligne, Wix prend grand soin à les répertorier. Le même dispositif est proposé pour les musiciens et les photographes. Un nouvel aspect de Wix est donc en train de naitre, moins techno et plus humain. On connait le succès considérable de Myspace dans le domaine de la musique. Wix peut à son tour facilement être employé pour révéler des talents graphiques ou pour lancer sur la route du succès musiciens, graphistes ou d’autres professions. Pour l’instant les sites concernent surtout des professions liés à l’image ou au design, mais il est très probable que Wix s’étende vers d’autres horizons.

Wix est-il le futur du web ? En un certain sens, oui. Il repose, comme beaucoup de sites web de nos jours, sur une utilisation judicieuse de templates qui sont aisément modifiables si besoin est. Disponible entièrement en ligne, Wix ne nécessite aucune installation. De plus, les compétences nécessaires à sa mise en oeuvre sont très faibles. Très web 2.0 dans son esprit, il fonctionne sur un système d’icônes prévues pour le grand public. Il illustre aussi l’essor du graphisme sur le web mais aussi  du ready-made, cheaper and faster.

Cependant, il souffre de certaines limitations. D’abord Wix n’a pas vocation à remplacer les CMS car il ne peut gérer des bases de données importantes ni une documentation importante. De plus, il repose entièrement sur la technologie Flash, dont à l’heure actuelle personne ne connaît le devenir, au vu des critiques qui lui sont adressés. Enfin, les wixsites sont sous la tutelle de Wix.com, qui peut donc en disposer comme bon lui semble… On peut donc très bien se réveiller le matin et découvrir que son Wixsite a disparu.

En espérant que cela n’arrive pas, car il serait vraiment dommage de se priver de cette solution très bien adaptée à certaines situations. A mettre entre toutes les mains !

Pourquoi Apple se lance dans le screencasting ?

Le tutoriel vidéo est tendance. Tout le monde s’engouffre dans la brêche et propose des nouvelles formations. Que se passe-t-il au royaume du toturiel vidéo ?

Cette semaine Weecast est devenu Tuto.com. Dans une vidéo, les fondateurs de ce site dédié au screencasting s’en explique. Selon eux, devenir tuto.com va accroître considérablement le nombre de visiteur unique du site en captant toutes les recherches de tutoriels. L’ambition est de devenir, pour le marché français, le numéro un du tutoriel.

Weecast fait partie de cette vaste galaxie web qui s’est développée avec l’essor du screencasting. Cette technique, qui permet l’enregistrement d’un écran pendant que l’utilisateur explique ses faites et gestes, a connu un essor considérable. Elle est devenu très populaire comme moyen de formation notamment dans le domaine du graphisme et des effets vidéos. Le screencasting pemet un enregistrement à très bas coût, et sa diffusion est très aisée à l’heure du haut débit.

Camtasia, l'outil de référence de l'enregistrement de screencasting

Le screencasting s’impose rapidement comme référence pour apprendre un logiciel. Il participe complétement à ce processus de dématérialisation de l’information. Il n’est plus besoin – en apparence seulement- d’aller dans des écoles se former pour apprendre à utiliser des logiciels, car il est possible de trouver des formations sur presque tous, notamment dans des sites généralistes comme Lynda.com ou VTC, les leaders mondiaux du secteur.

Le succès du screencasting est tel que des sociétés informatiques qui auparavant snobait la formation à leurs propres produits (ils étaient, selon les arguments marketing, simple d’emploi et intuitif), se mettent à faire du screencasting. Apple s’est lancé dans l’aventure récemment en réalisant des centaines de vidéos de tutoriels. Certes, les vidéos d’Apple sont autant des vidéos de marketing que des tutoriels de formation. Il n’empêche.

Apple n’est pas la seule société à investir prudemment mais stratégiquement dans le screencasting. Le virage qui est actuellement pris par la société à la pomme est révélatrice de la prise de conscience de l’importance croissante du tutoriel vidéo. En effet, le screencasting offre beaucoup d’opportunité. Il forme à très bas coûts des utilisateurs de leur produits, ce qui ne peut qu’améliorer leur satisfaction clients. Il diffuse l’image de la marque et ses valeurs, comme dans le cas d’Apple. Enfin, il peut se révéler une source de profit direct, comme pour Adobe qui axe une partie de son offre de formation sur le web. Bien que ces grandes sociétés ne sont en aucune façon leader sur le marché du screencasting, elles disposent de ressources très importantes pour réussir leur insertion sur ce marché et surtout d’une connaissance très intime de leurs logiciels. Leurs stratégies diffèrent beaucoup les unes des autres mais la tendance de fond est bel et bien là. Avec leur expertise et leur savoir-faire, elles seront surement capable de capter une part substantielle de ce marché en plein essor.

Bref, le screencasting est tendance, au point qu’il va devenir un élément stratégique de la société de la connaissance qui s’érige sous nos yeux. Nous utilisons des outils de plus en plus compliqué, qui exige de nous des remises en cause permanentes. Les logiciels évoluent extrêmement vite et il faut se remettre en cause à chaque nouvelle release, parfois douloureusement (Ainsi pour le passage de Flash AS2 à Flash AS3, ce dernier étant très différent de la précédente version). La formation tout au long de la vie nécessite d’avoir accès facilement à des sources d’information fiables et bon marché. Le screencasting rempli ses conditions et devient un moyen aisé de rester dans la course et de se former en permanence. Nous avons donc avec lui une solution pratique à mettre en oeuvre mais qui souffre aussi de nombreux défauts. Ce sera l’objet d’un autre post…

La pédagogie est-elle assommante ?

Alors que de nombreuses diciplines ont bénéficié de l’aura d’un intellectuel qui a su populariser ses thèmes, la pédagogie n’a jamais eu d’écho dans le grand public.


A la lecture de brillants ouvrages théoriques de nombreuses sciences humaines, le lecteur est souvent séduit par les découvertes intellectuelles des écrits qu’il parcourt. Grâce à la lecture, elles deviennent les siennes. Il peut découvrir une nouvelle vision du monde par le truchement des écrits de  ces penseurs.  Le style joue un rôle évident dans le succès de cette opération. Les lecteurs se sentent souvent emportés par celui-ci, comme si un échafaudage d’idées complexes étaient rendu possible par la vigueur de l’écriture de l’auteur.
On célèbre beaucoup plus les chercheurs écrivains que les chercheurs abscons. Claude Levi-Strauss était écrivain autant qu’anthropologue. Son écriture semble mettre à la portée du commun des réflexions très théoriques sur les structures familiales. La clarté de l’expression est déterminante pour la diffusion d’un livre de reflexion. Le succès de Michel Onfray, voire de BHL, repose en grande partie  pour leur manière d’écrire, parfaitement lisible sans ayant fait un doctorat de philosophie.
La figure de l’intellectuel français est encore bien présente bien que moins puissante qu’elle n’a été. Souvent issus du même moule (Paris, ENS, Sc Po, cours avec les grands maîtres, bouleversements intellectuels,  etc.), leurs écrits sont souvent proches. La vague de diffusion du savoir universitaire dans la société à partir des années 60 et surtout lors des années 70 a permis de populariser de nombreuses sciences. Certaines d’entre elles en ont largement profité (l’histoire, la philosophie, l’anthropologie, etc.) avant de souffrir d’une certaine désaffection du public mais en restant malgré tout présentes dans l’espace public.
Concernant les sciences de l’éducation, qu’en est-il ? Y a t il eu un big bang conceptuel qui a l’amené sous les feux des projecteurs ? Y a t il une figure de proue, un intellectuel classique et parternel qui permet une affiliation fervente ?
La pédagogie a bien subit un big bang théorique en 1956 avec la publication de la taxonomie de Bloom qui suppose une hiérarchie de comportements essentiellement cognitifs,de plus en plus facteurs d’apprentissage au fur et à mesure que l’on place l’apprenant dans des situations complexes. Ces théories auront un grand écho, y compris en France. Elles ont contribuées à l’entreprise de rénovation pédagogique des pratiques éducatives en cours dans l’Education Nationale. Assez étrangement, il n’y a pas eu à la suite de cet écrit d’émergence d’ouvrages phares en matière de pédagogie.
Il n’y a pas eu parution en France d’un ouvrage brillant, qui bouleverse par l’audace de ses thèses ou par la qualité de sa synthèse. Il n’y a rien eu de détonnant. Aucun livre n’a marqué le sujet. Les parutions régulières sont d’ailleurs de mauvaise qualité. Elles sont souvent mal écrites, insipides intellectuellement, auto-référencées. Elles souffrent d’un jargon inutile. (« Qu’est ce qu’un objet d’apprentissage? ») Les meilleurs livres sont sans doute anglo-saxons. Il vaut mieux les lire que de plonger dans des écrits en langue française, souvent dépassés vis à vis du dynamisme de ce champ de recherche à l’étranger.
La raison tient sans doute au fait que ceux qui s’intéresse à la pédagogie sont des seconds couteaux du paysage intellectuel français. Les professeurs d’université sont clairement en retrait vis à vis de la pédagogie. Les rares professeurs qui s’y engage sont rarement les plus brillants. Aucuns intellectuel français de renom ne s’est jamais emparé du sujet. Ce contast est sans doute du au fait que la  couche intellectuelle française méprise la pédagogie. L’illumination, parfois quasi religieuse, provient de la proximité avec un maître par la lecture ou par le suivi de ces cours, de préférence à la Sorbonne, au Collège de France ou à l’ENS. Avec ce modèle en tête, il était difficile d’être séduit par les idées nouvelles de la pédagogie.
Bien sûr des noms apparaissent, liés à la pédagogie et bien connus du grand public comme Françoise Doldot ou François Dubet. Mais ceux-ci ne sont pas des pédagogues. Ce sont des psychanalystes ou des sociologues, amenés à se pencher sur cette science de par leurs activités. Les rares professeurs d’universités qui s’intéressent à la pédagogie  sont souvent très maladroits. S’ils produisent des écrits sur la pédagogie, ils sont souvent complétement déconnectés des réalités du terrain. Leurs réflexions ne sont que très rarement applicables. Il arrive même qu’ils n’appliquent pas leurs propres prédicats à leurs cours ! D’ou une décrédibilisation de ce champ.
L’absence de support par la couche intellectuelle française n’a pas été compensée par une ferveur populaire en faveur de la pédagogie. La couche supérieur n’a que faire de ces concepts. La reproduction est assurée par le travail personnel et surtout par la culture familiale. La couche moyenne est la plus sensible, mais sa demande de pédagogie se concentre sur l’école primaire. Quand à la couche populaire, elle est en faveur d’un apprentissage par l’exemple pratique, et non pas d’une science théorique et jargoneuse, bourrée d’acronymes.
Les troupes en faveur de la pédagogie sont peu nombreuses. Les jeunes turcs de la pédagogie sont clairement absents à l’Université, temple du Savoir mais pas des Etudiants. Les professeurs de l’éducation nationale sont recrutés sur leurs compétences académiques, pas sur leur capacité à transmettre un savoir. Le seul secteur où l’on peut admettre que la pédagogie est en marche est l’école primaire. La formation est plus professionnalisée et sans doute moins engoncée dans les préceptes théoriques de la pédagogie. Mais passé les portes du collège, les notions clés de la  pédagogie sont déjà mises à mal.
Le résultat de cette absence de visibilité, d’un jargon théorique, d’une absence d’un ouvrage clé, de combativité, de quelques slogans bien placés, bref sans doute de l’absence d’une figure de proue enmenant à sa suite toute une génération de réflexions a fait que la pédagogie n’est qu’une science de troisième rangs, ne séduisant personne parmis l’élite intellectuelle française. Le phénomène est auto-entretenu. Sans intellectuels brillants, la pédagogie à la française se perd dans des réflexions stériles ou dans l’observation béate des dernières innovations des universités américaines.

Il faudrait sans doute une nouvelle école, un coup de théatre propre à bouleverser cette situation absurde. Ce coup de théâtre, c’est une vague qui gronde dans l’arrière plan. C’est la révolution numérique qui vient. Ce sont les digital natives, qui ne croient plus en rien mais qui veulent être séduits.

Armés de leurs téléphones portables comme petit livre rouge et de leurs ordinateurs portables comme des nouvelles bibles imprimées, ils viennent non pas convertir mais tout simplement transformer la société postmoderne en société numérique. La pédagogie dans ce moment à un rôle à jouer en relégitimant les savoirs en s’appuyant sur le numérique. Travail collaboratif, elearning, mobile(s),ce sont les clés de demain. Il nous appartient de nous en emparer !

Récit d’une expérimentation : l’utilisation des SMS en formation

Lorsque l’on m’a proposé d’intervenir sur le thème de la recherche à l’Université devant un public composé de 150 militants de la Confédération Etudiante, un syndicat étudiant proche de la CFDT, j’ai proposé un dispositif innovant de formation.

La formation devait durer plus d’une heure. Elle devait avoir lieu dans un amphithéâtre en fin de journée, après un après-midi conséquent de travail en congrès. Passer juste avant la fin des travaux est risqué : le public est fatigué et n’est plus capable de se concentrer efficacement. De plus, le sujet est complexe a appréhender.

Afin d’éviter de réaliser une formation d’une heure sans impacter aux mieux mes apprenants, j’ai décidé de mettre en place un dispositif innovant, reposant sur l’utilisation des textos durant la formation en direct live. Le dispositif ne met pas plus de quelques minutes à être mis en place. Un assistant se charge de recueillir les textos sur son téléphone portable personnel, dont le numéro a été indiqué à la salle. Le public peut envoyer des textos depuis leurs téléphones personnels. Ce type d’expérimentation a déjà été effectué aux Etats-Unies dans les universités américaines et a donner de bons résultats.

Le bilan fut au delà de nos espoirs : plus de 60 textos sont envoyés en une heure, un par minute ! A peu près un tiers du public a réagit, compte tenu du fait que certains ont envoyé plusieurs textos. Les messages sont de qualité et j’ai été interrompu très régulièrement par l’assistant qui transmettait les messages. Ces derniers ont été de plusieurs ordres : questions, demande d’éclaircissements, réflexions personnelles ou point de vue à joindre au débat et questions techniques. Les textos ont permis de garder le contact avec la salle et de favoriser un dialogue constant. Les questions posées ont permis à des personnes qui ne seraient pas intervenu dans un contexte normal de participer au débat. Elles ont aussi été l’occasion d’affiner la compréhension du pourquoi de la formation et de répondre à des besoins plus précis.

Répondre à ce workflow demande une bonne organisation :

Non, c'est quand même pas la peine d'être aussi nombreux. Un seul assistant suffit !

1) L’assistant doit être réactif : il doit juger de la pertinence des messages reçus et poser le cas échéant une question à l’intervenant, sans craindre de l’interrompre. Il ne doit pas en revanche poser des questions qui anticipe sur la pensée de l’intervenant.

2) L’assistant ne doit pas hésiter à rendre compte à la salle des messages, et éclaircir certains points techniques à la place de l’intervenant. Il peut notamment indiquer que certains messages trouveront une réponse un peu plus tard. Il devient lui aussi acteur de la formation.

3) L’intervenant doit s’adapter à être très régulièrement interrompu. Il doit être capable de répondre de manière synthétique et brève. Il doit pouvoir reprendre ensuite le fil de son intervention.

4) Le public doit être prêt à utiliser son téléphone personnel pour envoyer des messages. Un public de digital natives, très habitué à l’usage du mobile, est  bien plus réceptif qu’un public moins à l’aise ou moins équipé. Le dispositif n’est pas applicable dans toutes les situations.

5) Un bilan doit être établi à la fin de l’intervention : nombre de messages, qualité, teneur, etc. Ceci afin de faire prendre conscience au public de l’importance de « l’intelligence collective », peut développée en France.

En conclusion, ce dispositif expérimental a été validé par un cas pratique. Des améliorations sont d’ores et déjà réalisables, à un coût nul. Le portail Orange permet notamment de publier sur le compte utilisateur les textos reçus, sur un mode de diffusion proche de Twitter. Il suffit donc une connexion internet et un rétroprojecteur pour donner à vos formations un espace de réaction en direct live.

Le elearning doit s’inspirer du marketing et du design

La faute originelle du elearning vient du fait que ce sont des ingénieurs qui l’ont « inventé ».
Né aux Etats-Unis, le elearning a été d’abord un jouet technologique qui nécessitait-et même encore de nos jours- des compétences informatiques fortes. Les premières start-up qui se sont montés ont embauché des ingénieurs informatiques, puis des ingénieurs pédagogues et des linguistes pour garantir la qualité des cours et mettre en place des scénarios pédagogiques que des informaticiens ne pouvaient réaliser.

Ce premier élan, sur lequel nous sommes toujours, a permis de proposer une offre informatique de qualité structurée autour de deux axes principaux : les plates formes et les contenus, réalisé grâce à des logiciels dédiés ou des logiciels rapid learning. Les ingénieurs pédagogues ont inventés de nouvelles approches, et innovent, ou plutot suivent les tendances, constamment. La réflexion autour de l’apport de Twitter et des réseaux sociaux montre bien la capacité des acteurs du elearning à se saisir des nouvelles tendances et à en retirer le meilleur.

En revanche, le virage du graphisme et du design est encore insuffisamment pris. Bien sûr, les équipes elearning se dont dotés de graphistes qui ont été chargés de réaliser le packaging des contenus. Bien sûr, la réflexion graphique n’est pas absente, notamment lors de la création de serious game. Mais au final, le graphisme est perçu comme un emballage, comme le parent pauvre du elearning. A l’informatique le support, à la pédagogie le contenu, et au graphisme le packaging.

La relation aurait pu être équilibrée, mais ce n’est pas le cas. Les informaticiens et les pédagogues n’ont pas une formation en graphisme. Les codes du elearning et de la communication d’entreprise sont déjà solidement établis et la remise en cause n’est pas évidente.

Pourtant le graphisme et le marketing ont beaucoup de chose à nous apprendre. Alors que le elearning ressemble parfois beaucoup à la publicité des années 50 (une mascotte rassurante mais enfantine, des personnages de lessive de ménagères, des couleurs de fanions de boy-scouts, et des phrases que l’on dirait sorti de livres d’ados), le marketing et le graphisme sont allé explorer beaucoup, beaucoup plus loin. Création d’une identité de marque, marketing virale, dialogue de marque, révolution du design sur Internet avec l’apparition d’un graphisme type « Ikea », les deux grands frères du elearning sont en train d’effectuer leur révolution numérique.

Les agences d’elearning peuvent répliquer que réaliser des contenus luxueux coûtent cher. Que les clients ont des budgets toujours au plus juste, et négocie parfois âprement les prix. Ils ont raisons, les budgets formation n’ont pas l’importance stratégique que peut avoir la communication. Encore le marketing se plaint-il souvent d’être le parent pauvre de l’entreprise mais passons. Ces arguments sont désormais dépassés. Il est possible de réaliser des contenus avec une qualité graphique très supérieur si l’on met en place des règles de base simples.

1) Etre à jour des dernières tendances graphiques. il y a une mode des formes, une mode des couleurs, une mode des traits, une mode de la typographie. Il faut savoir identifier les axes clés et les réutiliser dans les contenus elearning. Vous pensez qu’un bouton carré, ca suffit ? vous avez tort. La mode, ce sont les formes courbes. Courbes et pas rondes, attention, la différence est essentielle.

2) Oser les couleurs. La couleur en elearning, c’est un gros problème. Le monde serait plus simple en noir et blanc. Pédagogues et informaticiens, sont beaucoup plus à l’aise en noir et blanc. Les premiers ont travaillé sur des feuillets toute leurs études, les seconds sont devant des lignes de codes où les couleurs sont… peu nombreuses. Il faut être plus innovant, utiliser des nuanciers, s’inspirer des derniers sites d’internet.

3) Abandonner la communication candy. Vos interlocuteurs sont des adultes, ils sont mariés, ont des enfants. Ils ont eu des problèmes, parfois très graves. Ils ont souffert, parfois même beaucoup. Quand vous faites une formation qui pourrait être insérée dans Pocahontas de Disney tellement vous êtes mielleux, vous loupez votre cible. Dans Avatar, le tout dernier blockbuster d’Holywood, le héros est handicapé. Son frère est mort. Il a peur de perdre sa compagne, il se met en colère, il est parfois même violent. Le film a fait plus d’un milliard de dollars.

4) Faire peu coûteux et convaincre. Inutile de proposer des animations Flash dans tous les sens si cela ne rentre pas dans le budget formation. Ce sera refusé. Restons simple. Il faut travailler les détails, travailler la qualité d’éléments simples. Le graphisme, ce n’est pas forcément complexe, ni coûteux. Vous trouvez qu’Ikea coûte cher ? Et en plus ils ont convaincu toute la société occidentale d’abandonner les meubles de leurs grands-parents. Ca n’a l’air de rien, mais c’est une petite révolution.

5) Ne soyez pas révolutionnaire. Dans le monde du elearning, il faut être innovant, mais pas trop. Sachez tenir compte des résistances, des a priori. Prenez votre temps. Eduquez vos collègues, construisez un projet sur le long terme. Discutez, remettez en cause, faites des propositions et surtout négociez. En prenant vos précautions, vous avez de bonnes chances d’arriver à vos fins.